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La contraception au Québec

par | Sep 26, 2023 | Capsule générale

La contraception

L’histoire de la contraception au Québec est une histoire fascinante qui reflète l’évolution des attitudes sociales, religieuses et médicales envers la reproduction féminine au fil des décennies. Cette histoire s’étend sur plusieurs générations, marquée par des luttes, des avancées législatives et des changements culturels significatifs.

En 1892, le premier Code criminel du Canada criminalise la distribution et la vente de produits contraceptifs, ainsi que la diffusion de l’information sur ces produits. Si la personne accusée ne peut prouver qu’elle a agi « pour le bien public », elle est passible d’une peine d’emprisonnement de deux ans. C’est pour cette raison que les femmes cachent leur grossesse aussi longtemps qu’elles le peuvent, de peur de faire une fausse couche et de se faire accuser, à tort, d’avoir provoqué l’avortement.

L’influence prédominante de l’Église catholique sur la société québécoise du 20 iem siècle contribuera à poursuivre cette idéologie de répression. La doctrine de l’Église condamnait généralement l’utilisation de la contraception artificielle, ce qui limitait considérablement les options pour les couples qui souhaitaient planifier leur famille. Cette période était également marquée par de grandes familles, souvent nombreuses, en raison de l’absence de moyens contraceptifs efficaces.

Cependant, au fil des décennies, les mœurs ont commencé à changer. Après la Deuxième Guerre mondiale et le baby-boom qui s’ensuit, l’opinion publique est de plus en plus favorable à la régulation des naissances. Dans les années 1960 et 1970, la révolution sexuelle et le mouvement féministe ont contribué à remettre en question les normes sociales traditionnelles en matière de sexualité et de reproduction. Les femmes ont commencé à revendiquer leur droit à décider de leur propre fertilité et de leur corps.

En 1969, le gouvernement du Québec a adopté la Loi sur la planification familiale, un jalon important dans l’histoire de la contraception. Cette loi a ouvert la voie à l’éducation sexuelle dans les écoles et a permis aux femmes d’accéder plus facilement à la contraception. Cependant, l’accès à certains moyens contraceptifs restait limité en raison de la forte opposition de l’Église catholique.

Au fil des décennies suivantes, la société québécoise a continué d’évoluer. La légalisation de l’avortement en 1988 a été une autre avancée majeure dans la lutte pour les droits reproductifs des femmes, bien que cette décision ait été l’objet de débats houleux. Les contraceptifs hormonaux, tels que la pilule contraceptive, sont devenus largement accessibles, et d’autres méthodes contraceptives ont gagné en popularité.

Aujourd’hui, la contraception est largement acceptée au Québec et les individus ont plus de liberté pour prendre des décisions éclairées concernant leur santé sexuelle et reproductive.Les services de planification familiale, y compris l’accès à la contraception et à l’éducation sexuelle, sont soutenus par le système de santé et les organisations communautaires.

Voici une brève rétrospective des produits de contraception hormonale les plus utilisés.

La Pilule Contraceptive

Les pilules contraceptives combinées, contenant des œstrogènes et de la progestérone, sont largement utilisées. Elles inhibent l’ovulation, épaississent la glaire cervicale et modifient la muqueuse utérine pour prévenir la grossesse. Les pilules progestatives, telles que JenCycla  et Slynd sont également disponibles pour celles qui ne peuvent pas utiliser d’œstrogènes.

Le Dispositif Intra-Utérin (DIU)

Les DIU, tels que Mirena et Jaydess, sont des dispositifs insérés dans l’utérus par un professionnel de la santé. Certains contiennent des hormones (DIU hormonal), tandis que d’autres sont en cuivre (DIU au cuivre). Les DIU offrent une contraception à long terme, de 5 à 10 ans, avec une efficacité élevée. Ils permettent l’utilisation des tampons et de la coupe menstruelle lors des règles.

Le timbre contraceptif et l’Anneau Vaginal

Le patch contraceptif (Evra) et l’anneau vaginal (NuvaRing ou Haloette)  sont des méthodes hormonales combinées qui offrent une alternative pratique à la pilule. Le timbre est appliqué sur la peau et doit être changé à chaque 7 jours suivi d’une période de 7 jours sans timbre tandis que l’anneau est inséré dans le vagin pour une période de 21 jours et retiré pour une période de 7 jours.

Contraceptif hormonal injectable

Le Depo-Provera est administré sous forme d’injection intramusculaire ou sous-cutanée tous les trois mois, ce qui le distingue des contraceptifs oraux quotidiens. Son principal ingrédient actif est le progestatif, qui imite les effets de la progestérone, une hormone naturelle produite par les ovaires. Le Depo-Provera agit en inhibant l’ovulation, en épaississant la glaire cervicale pour empêcher les spermatozoïdes d’atteindre l’ovule, et en modifiant la muqueuse de l’utérus pour rendre la nidation de l’œuf fécondé plus difficile.

Il est aussi possible de faire le choix d’une méthode de contraception non hormonale, tel que le condom ou le diaphragme. Ces options offrent aux individus une alternative précieuse aux contraceptifs hormonaux, en évitant les hormones synthétiques tout en permettant un contrôle de la planification familiale. Ces méthodes se sont avérées particulièrement efficaces lorsqu’on les utilise adéquatement.

On se doit aussi de parler des méthodes de contraception naturelle qui est basée sur l’idée qu’aucun contraceptif n’a besoin d’être employé. Il s’agit de méthodes qui peuvent nous guider sur la période d’ovulation (calendrier, symptothermique) ou encore qui empêchent l’éjaculation interne (retrait). Ces méthodes ont l’avantage de ne rien coûter et de n’avoir aucun effet secondaire, mais demandent une grande assiduité et beaucoup d’observation. Leur efficacité est variable et se situe dans une moyenne de 75% à 80%.

Habituellement réservées à une clientèle plus âgée, les méthodes de contraception définitives telles que la ligature des trompes ou la vasectomie sont aussi des méthodes de contraception à considérer.

Le choix d’une méthode de contraception dépend de facteurs individuels tels que la préférence, le mode de vie et la santé. Les infirmières sont des professionnelles de la santé habileté à débuter la contraception à la suite d’une rencontre de discussion permettant de trouver la méthode qui convient le mieux à vos besoins et à votre situation.

En conclusion, le Québec offre maintenant un grand éventail d’options en contraception et les recherches dans ce domaine sont loin d’être terminées. 

Texte de
MARYLÈNE LANGDEAU
Infirmière clinicienne

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